Une famille en or
Une famille comme ça!

Une famille comme ça!

Prévu pour trois semaines l’expérience Wwoofing au sein de la famille Armstrong en aura finalement durée près de sept. Oui on peut dire que j’ai fait un peu durer le plaisir mais il faut reconnaitre que la famille avait de sacrés arguments pour me convaincre de prolonger mon séjour. Voilà donc un petit aperçu de ce qu’a été ma première expérience de Wwoofer.

Avec Bruce et Susan

Avec Bruce et Susan

Le concept « Wwoofing »

Tout d’abord petite explication élémentaire, WWOOFING vient de Willing Workers On Organic Farms (Travailleur Bénévole dans une Ferme Biologique). Le concept est plutôt simple. En l’échange de quelques heures de travail par jour (maximum 6 heures) on est logé et nourri par une famille. C’est donc un super moyen de découvrir l’Australian Way of Life mais aussi d’améliorer son anglais et d’apprendre plein de choses au sein d’une famille australienne. Pour trouver la famille on n’achète un petit livre (75 dollars) ce qui peut sembler un peu cher mais en fait l’acte d’achat du livre nous fait devenir instantanément membre (Wwoofer) avec un numéro personnel. Entendez par là que dès lors, l’assurance de l’association nous couvre si jamais quelque chose arrive durant notre séjour de Wwoofing.

Le petit livre comporte plus de 3000 annonces de toutes les familles souhaitant accueillir un Wwoofer partout en Australie, avec leurs contacts. En lisant les petites annonces on voit assez vite les plus séduisantes et celles à éviter. Une fois déterminé la région où je voulais aller, ma méthode de sélection est assez simple. Je privilégie toutes les annonces qui ont un peu d’humour et où quelques loisirs sont mentionnés. Autant dire que si le type ne parle que boulot sans évoquer la moindre petite activité, on sait à quoi s’en tenir. Après il reste quand même une grande part d’inconnu. Il faut donc un peu de chance pour trouver une très bonne famille.

Une dizaine de mails envoyés, sept retours positifs. Le ratio est bon, le casting peut continuer. Après quelques réflexions deux candidats (familles) sont sélectionnés pour la « grande finale ». Pour sonder un peu plus le terrain j’envoie quelques mails supplémentaires à chacune des deux familles. La première m’explique que la période à laquelle j’arrive correspond au gros rush de l’année, ils ont donc vraiment besoin de monde pour travailler. La seconde famille quant à elle s’excuse presque d’être une toute petite ferme et que la période soit plutôt calme. Courageux et voulant à tout prix travailler comme une brute j’ai bien sûr foncer sur… la seconde proposition. Bon avouez qu’elle faisait un peu plus envie quand même.

L’aventure commence

Après 2h de bus direction le nord d’Adelaide me voilà arrivé à Waikerie, une petite ville de 2000 habitants, au bord du plus grand fleuve d’Australie, la Murray River. Chapeau de cowboy sur la tête un type d’une soixantaine d’années m’interpelle à la sortie du car, « You must be Lény ?! ». Le mec est fort ! Il a dû être profiler dans une autre vie… Voilà donc Bruce Armstrong, le fermier chez qui je vais passer plusieurs semaines. Dès les premiers instants je sens que je suis tombé sur un type sympa, je suis rassuré.

Petite curiosité, pour accéder à leur maison de l’autre côté de la rivière il faut utiliser tous les jours un bac. Un type passe sa journée sur le bateau à faire la navette pour faire traverser les voitures de chaque côté.

Le petit chemin qui mène à la maison est tellement garni de voitures sur les côtés que j’en viens même à me demander si c’est jour de kermesse chez les Armstrong. Mais non, Bruce aime tout simplement bricoler les voitures et ça se voit.

Chemin qui mène à la maison

Le chemin qui mène à la maison

Après une semaine le long de la Great Ocean Road à dormir à la belle étoile sans matelas (ni tente bien sûr) et à manger du pain de mie au ketchup (oui je sais la gastronomie française en prend un coup), avoir une chambre rien qu’à moi et avoir à tous les repas une merveille culinaire me rapprochait un peu plus du paradis.

Ma chambre

Ma chambre

La famille se compose de Bruce, sa femme Susan, et leurs quatre enfants. Maintenant grands, seul Samuel le dernier habite encore de temps en temps la maison.

Aller je continue la visite,

Le jardin

Le jardin

Ma vue sur le potager et le verger avec le désert au loin

Ma vue sur le potager et le verger avec le désert au loin

Mon repère de trappeur à l'étage

Mon repère de trappeur à l’étage 

Le deal avec la famille est simple je travaille tous les jours de la semaine sauf le dimanche, de 7h à 13h. Mes tâches sont très variées, et Bruce s’arrange toujours pour que j’alterne les travaux durs et plus faciles dans la matinée. Pour vous donner quelques exemples, j’ai notamment nettoyé des chemins en coupant les hautes mauvaises herbes, nourri les chèvres, mais aussi castré les chèvres,

Les élastiques magiques, bouc + élastique = eunuque

Les élastiques magiques, bouc + élastique = eunuque

ramassé des abricots, les couper pour les faire sécher au soleil (n’y voyez aucun lien avec les chèvres), ramassé du raisin, décortiqué des amandes, beaucoup d’amandes, nettoyer les gouttières, repeint un camion, poncer et nettoyer tout un tas de trucs, des voitures, une bétonnière, un vieux tracteur, dérouiller des traverses en fer à la masse ou encore démoli un clapier à lapin.

En plus des bons repas et du cadre de vie super agréable, j’ai vraiment été chanceux de tomber sur une famille qui m’a fait partager pleins d’activités géniales. En plus de cette semaine magique à Kangaroo Island que je vous avais raconté ici (Kangaroo Island). En voilà quelques autres.

Après-midis au bord de l’eau

Wake board

Wake board

Deux après-midis j’ai eu la chance d’aller faire du bateau avec toute la famille et les cousins.

Bienvenu à bord

Bienvenu à bord

Acheté lors d’un voyage aux Etats-Unis le bateau est vraiment sympa et ne manque pas de puissance, il faut sacrément s’accrocher pour ne pas voler dans le décor dans les virages.

En bouées

En bouées

Cerise sur le gâteau l’eau de la rivière est divinement bonne, ces deux après-midis passées sur l’eau sont un vrai bonheur.

Petite anecdote historique :
Bien avant nous les aborigènes naviguaient déjà sur la Murray River. En témoigne la grande marque ovale que porte ce très vieil eucalyptus sur son tronc.

Very old canoe

Very old canoe

Je vous ai mis mon vélo en bas à gauche pour que vous ayez l’échelle de grandeur. Cette marque a sans doute près de 200 ans. Les aborigènes avaient en effet l’habitude d’utiliser l’écorce de l’eucalyptus pour construire leurs canoës. Chaque tribu disposait d’un spécialiste pour choisir l’arbre et surtout l’écorce idéale pour construire une nouvelle embarcation.

Une journée à la mer : la pêche au Blue Swimming Crab

Une journée où je devais travailler Bruce et Susan m’ont gentiment embarqué avec eux pour aller pêcher le Blue Swimming Crab. Le spot de pêche se trouve sur la côte de la York Peninsula à plus d’une heure et demie de route.

York Peninsula

York Peninsula

La technique est plutôt amusante, muni d’un râteau à feuille morte et d’un demi tonneau attaché à ma taille qui reste flotter à la surface, je dois bloquer le crabe puis retourner d’un coup de poignet rapide le râteau pour soulever le crabe et le placer dans mon tonneau.

Pour trouver les crabes qui se cachent sous le sable on se met dans l’eau jusqu’à la taille et on ratisse le sol en s’arrêtant au moindre son métallique. Ce signal révèle qu’à coup sûr un crabe vient de croiser notre râteau. Le geste pour retourner le crabe doit être très rapide car le filou est aussi vif que très bon nageur, d’où son nom d’ailleurs. Le jeu est tellement plaisant et addictif que les trois heures de pêche passent à une vitesse déconcertante. Le bilan de l’après midi est plutôt flatteur, avec 11 crabes attrapés je suis le meilleur de nous trois. Je devançais même d’une courte tête Bruce qui était invaincu depuis une vingtaine d’années !

La couleur du Blue Swimmng Crab est vraiment magnifique.

Le fameux Blue Swimming Crab

Le fameux Blue Swimming Crab 

La plus belle prise

La plus belle prise

Mais une fois cuit le Blue Swimming Crab ne porte plus aussi bien son nom…

Du bleu au rouge

Du bleu au rouge

 

Les vendanges à l’australienne

Bruce a possédé un vignoble durant près de six années avant qu’il ne choisisse de retirer ses pieds de vignes et de revendre son eau à l’État durant les grandes sécheresses il y a 5 ans. Connaissant le métier il est souvent appelé par des voisins pour prêter main forte au moment des vendanges. C’est le cas ce soir, il décide donc de m’amener avec lui pour que je vois comment ça se passe.

Je suis surpris d’apprendre que depuis plusieurs années la grande majorité des vendanges ne se fait plus à la main mais à l’aide d’une grosse machine. En forme de U inversé, cet Arc de Triomphe ambulant se place autour d’une rangée de vignes et à l’aide de solides barres de plastiques secoue de part et d’autre l’arbre pour en faire tomber les grains de raisins. Je grimpe en haut de la machine pour saisir quelques clichés.

Posté sur le toit de cette curieuse machine

Posté sur le toit de cette curieuse machine

Muni d’un talky walky le directeur des opérations est chargé de gérer la vitesse de la machine harvester, du tracteur et de sa remorque tout en analysant régulièrement la qualité du raisin.

Le directeur des opérations

Le directeur des opérations 

Une rivière de raisins

Une rivière de raisins

Bien que français, je n’avais aucune idée de la manière dont pouvait se dérouler des vendanges, la soirée fût donc très intéressante.

À la recherche des scorpions

Autre activité bien sympa, un soir Bruce m’a proposé d’aller voir les scorpions qui se cachent dans la petite dune de sable non loin de la maison. Muni d’une pelle et d’une lampe la traque peut commencer.

Bruce en pleine recherche

Bruce en pleine recherche

Trouvé!

Trouvé!

Voilà notre ami

Voilà notre ami

Une vente aux enchères dans le bush

Voilà une autre journée bien intéressante pour le backpacker que je suis. Bruce m’amène avec lui à une vente aux enchères. Une ancienne ferme familiale est en effet mis en vente à plus d’une heure de route. Direction le nord, on va sentir le parfum de l’outback !

En route vers les terres du milieu

En route vers les terres du milieu

Levé à 5h, nous embarquons à bord du camion qu’on a retapé pour une heure de route au travers de paysages aussi inhospitaliers que magnifiques.

Bruce au volant du camion qu'on a retapé

Bruce au volant du camion qu’on a retapé

Que les paysages sont beaux

Que les paysages sont beaux

Nous arrivons sur place parmi les premiers. La propriété est entourée d’immenses champs et autour de la maison s’étale tout le matériel agricole utilisé depuis près de trois générations. Tous les objets soigneusement exposés sont à vendre. Véritable musée à ciel ouvert ce débarras est une mine d’information pour celui qui souhaite comprendre la vie d’une famille australienne « back in the early days ».

Bulldozers et camions des années 30 à nos jours

Bulldozers et camions des années 30 à nos jours

La propriété

La propriété

Pots à lait

Pots à lait

Vieux vélo

Vieux vélo

Avant l'électricité, le "réfrigérateur" pour conserver la viande

Avant l’électricité, le « réfrigérateur » pour conserver la viande

Mais nous ne sommes pas venu les mains vides non plus. La ferme est située dans une région très sèche où peu de fruits et légumes peuvent être cultivés. C’est pourquoi nous avons ramené avec nous un stock de melons, pastèques, courges musquées, amandes ou encore oignons que nous allons vendre à des prix défiant toute concurrence (deux à trois fois moins cher qu’en magasin).

Water-melon, Honey dew, Rock melon & Butter nut

Water-melon, Honey dew, Rock melon & Butter nut

Bruce est à la recherche d’un petit bulldozer et est parti jeter un coup d’œil aux machines exposées. C’est donc moi qui vais faire tourner la boutique.

Notre stand de fruits et légumes

Notre stand de fruits et légumes

Au passage, la magnifique peinture blanche sur la remorque c’est bibi. Ya du métier hein !? C’est ce que j’ai dit à Susan, « Tu sais jsuis devenu un peu le Michel-Ange de la peinture sur camion. » Ça l’a bien fait rire. Mais revenons à nos melons.

Les affaires tournent bien, et le job est plutôt agréable. En effet, les australiens n’hésitent pas à venir taper la discute avec moi et à me sortir des blagues. J’enchaine les anecdotes intéressantes et les rencontres sympas.

Un type m’explique qu’il a du mal a marché aujourd’hui parce qu’un mouton a foncé sur son genou hier, puis me glisse en souriant « Tu sais à 90 ans on est plus aussi solide qu’avant ! » J’étais scié, sacrée forme le bonhomme, le genou en vrac, 35°, plein canniard le type continue de bosser dans sa ferme tous les jours.

Un autre fermier m’explique que sa famille à des origines françaises, Huguenotes. C’est comme cela que l’on appelait les protestants français du XVI siècle, dont la plupart ont été contraints à l’exil au moment des guerres de religion les opposants aux catholiques (le massacre de la Saint Barthélémy se déroule notamment durant ce conflit). Ravi donc de croiser « un compatriote » d’il y a 500 ans, le type revient m’apporter deux délicieuses pêches et un billet d’un million de dollars, factice malheureusement… mais ça m’a fait bien marrer. Les gens commencent à s’agiter les enchères vont commencer, Bruce est de retour, c’est le moment d’aller voir un peu ce qu’il se passe.

La foule se rassemble autour d’une remorque sur laquelle deux cowboys businessmen lancent le début des festivités. Ils passent en revue, tous les lots d’objets posés sur la remorque et finissent toujours par trouver preneur. Deux assistants les accompagnent l’une répertorie tous les achats l’autre est chargé de présenter les objets.

Les enchères commencent

Les enchères commencent

Une bonne enchère dépend avant tout de la qualité du speaker, qui ressemble d’avantage à un showman qu’à un commissaire-priseur. Aujourd’hui il y a du niveau.

Le show aussi

Le show commence

Le tout est vraiment plaisant à observer.

"10 bucks for the gentleman on my right"

« 10 bucks for the gentleman on my right »

À la fin de la journée tout est vendu. C’est impressionnant de voir l’efficacité du système. Les remorques et camionnettes se succèdent et chacun embarque ses achats. De notre côté nous avons quasiment vendu tous les fruits et légumes ! Bruce à quant à lui préféré acheter un lot de pneus usés à 2,50$ plutôt qu’un des bulldozer pour lesquelles les prix se sont envolés. Sage décision.

Bruce décide de me récompenser de mes efforts en m’achetant une glace !

Petite récompense

Petite récompense

L’attention est très sympa. Le chemin du retour est encore une fois l’occasion pour Bruce de partager avec moi toutes ses anecdotes et ces histoires, tout en me signalant à chaque fois qu’il aperçoit un Kangourou, un Emu (grand oiseau australien proche de l’autruche), ou une chèvre sauvage sur le côté de la route.

Toutes ces activités, ces discussions, ces délicieux repas, et ces moments passés au sein de la famille Armstrong ont fait de ces deux mois de Wwoofing une expérience inoubliable.

La dernière semaine Bruce m’a prêté un pick-up pour que j’aille travailler en ville, sur le chemin du retour je me suis senti comme un véritable australien qui rentre à la maison après une journée de travail. C’était exactement ce que j’étais venu chercher. Expérimenter l’australian way of life dans une famille typique australienne. J’avais oublié que j’étais backpacker.

La mission était plus que réussie, il était alors temps pour moi de partir et de continuer mon aventure.

Grâce à l’aide de Bruce j’ai trouvé un job d’orange picking à quelques kilomètres de Waikerie. J’ai trouvé un Bungalow pas cher dans un camping et des gens pour m’amener au travail. L’ambiance au camping est super sympa. Le boulot quant à lui est hyper dure et très mal payé mais en forçant un peu j’arrive à mettre des sous de côtés pour la suite de mon voyage. Une suite qui s’annonce passionnante. C’est ce qui me motive à me faire du mal sur mon échelle en plein soleil.

Je vous dévoilerai mes nouvelles destinations très vite !

D’ici là portez-vous bien et comme dirait Georges : « Bon vent ! »

La bise de tout en bas à droite,
Lény.

Written by Lény GOURVEN

Blogueur et Rédacteur Web, musicien, voyageur, fan d'histoire et de Sport. Je suis aussi intéressé par le Social Media, le SEO, et le Web marketing. Mon but : essayer d'être le plus passionnant possible!

This article has 3 comments

  1. franqueza isabelle

    Génial quel plaisir de te lire!bonne continuation!j’attends avec plaisir de lire la suite de tes aventures!bisous.Isabelle

  2. lenygourven

    Merci Isabelle ça me fait très plaisir! La suite du voyage s’annonce assez magique j’espère pouvoir vous la faire partager mais la connexion internet risque d’être difficile à trouver ;) Bisous

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