Une sacrée journée !

Le champ de blé de Peter

Une longue matinée

Plus les heures défilent pendant la matinée et plus je me dis que j’ai fait le mauvais choix. Je m’explique. Voilà quelques jours que je travaille dans les vignes de la région, grâce à des amis Suédois qui m’ont donné le contact. Je fais du « pruning » c’est-à-dire je coupe toutes les nouvelles pousses qui arrivent sur la partie basse de la vigne. L’objectif est de favoriser l’arriver d’eau et de nutriment pour les grappes du haut. Autant dire que je passe le plus clair de mon temps à faire l’ascenseur au grand plaisir de mon dos et de mes cuisses. Le levé à 5h30 et la chaleur écrasante ne font qu’augmenter le plaisir. L’ambiance y est cependant assez agréable, je travaille avec des Turcs. Certains d’entre eux ont même gentiment partagé avec moi boisson, olives et poulet épicé au moment de la pause déjeuné. C’est pas le goulag mais le travail est dure et la paye est relativement basse. A la fin de la journée je décide donc de passer voir Brad (le gérant de la ferme où je loge) avec un collègue pour voir si il n’aurait pas un autre travail à nous proposer. Après plusieurs coups de fils à droite à gauche sans résultat, il nous explique qu’il aurait sûrement besoin d’aide pour le lendemain, mais qu’il en saurait plus demain matin vers 9h-10h et qu’il nous appellerait à ce moment là. La perspective de dormir un peu plus le matin et de faire autre chose que du pruning ne me fait pas réfléchir trop longtemps, je dis ok à Brad pour le job.

Nous voilà donc le lendemain, durant cette matinée où je suis persuadé d’avoir fait le mauvais choix car de 10h le rendez-vous est passé à 12h puis 15h… autant dire que je venais de « snober » mes amis turcs pour un job qui tardait à pointer le bout de son nez. Plus les heures passaient et plus la journée ressemblait à une journée blanche.

C’est alors que Brad arrive dans l’auberge en 4×4, il me fait signe ainsi qu’à mon collègue de monter et de trouver une troisième personne. Un des allemands accepte et nous accompagne. Nous montons alors dans le 4×4 et saluons Peter, un ami fermier de Brad assis à sa gauche. Peter, la cinquantaine bien tassé, est super sympa, souriant et décontracté il a pourtant à ses côtés un fusil à lunettes… Brad nous explique qu’on va dans la ferme de Peter dans l’outback récupérer une grande bâche. Ça sent bon la déconne cette histoire, mes regrets se dissipent d’un seul coups. J’ai fait le bon choix. Heureusement j’ai eu le temps de prendre mon appareil photo avec moi.

La ferme de Peter

Nous voilà partis direction l’outback. Les paysages deviennent magnifiques. La route disparaît pour laisser place à la piste en terre rouge. Les champs autour de nous sont superbes. Après avoir roulé une demi heure Peter me demande si je connais le duo Angus and Julian Stone, (deux frère et sœur musiciens qui font du folk rock super sympa, ils sont d’ailleurs passés aux Vieilles Charrues il y a deux ans) puis m’explique que la ferme que je vois sur ma droite est celle de leur mère. Cette après-midi devient vraiment de plus en plus intéressante !

Une heure de route plus tard nous voilà arrivés dans la ferme.

La ferme de peter

Peter possède de grands champs de blé et la récolte est pour très bientôt il doit donc remettre sa moissonneuse en service après un an de repos et l’amener à proximité de ses champs. Certains sont à plus de 60 km.

La ferme de Peter est géniale, il y a tout un tas de vieilleries dispersées un peu partout. On peut voir par exemple la Mini de Mister Bean perdue dans la broussaille…

Une mini perdue

ou encore un camion de pompier des années 60’ dont on se demande bien qu’est-ce qu’il fait là.

Camion de pompier des années 60

Voyant que j’ai mon appareil photo dans les mains Peter et Brad me disent de prendre en photo la veuve noire qu’ils viennent de voir sur le baril d’essence. C’est-à-dire l’araignée la plus dangereuse du monde, son venin est paraît-il plus dangereux que celui d’un cobra. Elle est pourtant minuscule.

Peter et la veuve noire

N’ayant quasiment pas de zoom sur mon objectif je vous laisse imaginer les risques que j’ai pris pour vous offrir ce magnifique gros plan.

La veuve noire

Première chose à faire, mettre un peu de pétrole dans la moissonneuse. Peter s’en occupe pendant que j’inspecte la moissonneuse.

Peter fait le plein de la moissonneuse

Je reste intrigué devant une énorme araignée qui doit bien faire la taille de ma main, et dieu sait que j’ai de grandes mains. Belle bête.

Une araignée King Size

Je me demande même si ce n’est pas elle qui a capturé Frodon dans le Seigneur des Anneaux…

Maintenant il est temps de s’occuper de la grande bâche que nous sommes venus chercher. La bâche est énorme 60 mètres de long sur 15 mètres de large. Le plastique est en plus super épais. Autant dire qu’elle pèse une tonne. Étant restée un bon bout de temps par terre nous avons la bonne surprise de voir qu’il y a de la vie à l’intérieur. Veuves noires dans tous les coins, je manque d’ailleurs d’en écraser une avec ma main dès ma première prise, mais  aussi grenouilles, souris, milles pâtes de 30 cm. Un peu déçu de ne pas voir de serpents je trouve par contre une pâte de Kangourous. Son propriétaire ne doit pas être bien loin, mais pour l’instant pas de kangourous cul de jatte à l’horizon.

Un peu d’ingéniosité et beaucoup d’huile de coude plus tard la bâche est pliée et installée dans la remorque.

Le temps de mettre en route la moissonneuse et de prendre une photo avec le fusil à lunettes, à noter le magnifique polo orange fluo que le gouvernement australien impose à tous les travailleurs, et nous voilà partie de la ferme.

Fusil à lunettes, lunettes de soleil et moissonneuse

Nous formons un sacré convoi avec la moissonneuse plus la remorque.

Un convoi OVERSIZE

Vu la vitesse du loustic en moissonneuse on a le temps. C’est pourquoi on décide de prendre un peu d’avance avec le 4×4 et d’aller regarder l’état du blé dans un des champs de Peter situé à quelques kilomètres.

On check le blé de Peter

On descend voir le blé. Il se porte très bien, il sera bientôt coupé. On se dirige vers le 4×4 pour repartir lorsque Brad sort le fusil et se met en position de tir. C’est parti pour une petite session.

Brad règle la mire

On prend une petite touffe d’herbe comme cible et chacun à son tour essaye de faire de son mieux. La visée à la lunette est vraiment cool, en mode Jude Law façon Stalingrad, par contre le recul c’est pas du cinéma mon œil droit l’a appris à ses dépends. Mais Heureusement rien de bien méchant.

Le soleil commence à se coucher et le paysage n’en devient que plus grandiose.

Le soleil se couche sur le champ de blé

On reprend la voiture, et mes yeux se régalent. Les montagnes en arrière plan et les couleurs qui changent progressivement. Magnifique.

Le soleil se couche derrière les collines

Brad a envie de s’amuser, ça tombe bien nous aussi. Il donne une grosse lampe torche à l’allemand installé à sa gauche et nous explique qu’on va à la chasse au lapin. La mission est de scruter la route et d’alerter dès qu’on en voit un. L’allemand s’occupe de l’éclairer et Brad de tirer. Tout le monde est concentré dans la voiture, et chacun scrute la route. Avec la nuit qui est maintenant totalement tombée, la scène est assez drôle vue de l’intérieur du 4×4. On est tous comme des gamins. Quand soudain, l’un de nous sonne l’alerte au lapin. La course poursuite commence. L’animal est vif et arrive à se faufiler dans les buissons loin de nos lumières.

Petite vue embarquée dans le 4×4, comme si vous y étiez

On reprend la route à la recherche d’un autre lapin. On croise alors quatre kangourous, mais pas question de tirer dessus, puis un autre lapin. Cette fois-ci le lapin a un peu moins de chance, Brad est un bon viseur. Le lapin est mis dans la remorque et la petite heure de chasse prend fin.

Oh mince l’excitation de la chasse nous a complètement fait oublié Peter et sa moissonneuse. Il est formellement interdit de rouler de nuit avec un tel engin, mais Peter a t’il respecter la loi ou est-il toujours en route ? Aucun réseau mobile ne fonctionne dans ce coin de l’outback comment savoir où le bougre s’est il caché… On essaye alors différentes routes pour voir si l’on n’aperçoit pas la moissonneuse. En mode Indien, Brad inspecte les traces sur la route, mais aucun signe de Peter. Puis la voiture arrêtée sur le bas côté, Brad lance un cri d’oiseau hyper aigue et attend de voir si Peter y répond. Après trois tentatives mon tympan est à deux doigts d’éclater. Aucune réponse, à par quelques oiseaux, bide total de Brad le Cheyenne. Nouvelle idée, monter sur le toit du 4×4 et tenter de trouver un peu de réseau pour envoyer un message. Mission réussie, le message est envoyé et Peter y répond. Il s’est arrêté quelques kilomètres plus bas. On le retrouve au point de rendez-vous tout heureux de nous revoir. La moissonneuse passera la nuit ici et attendra demain pour faire la suite du chemin. Peter nous explique qu’une de ses techniques pour arriver à trouver du réseau est d’écrire un SMS, d’appuyer sur envoyer et de se dépêcher pour lancer le portable en l’air. Sacré Peter.

Nous voilà sur le chemin du retour. Après avoir frôlé un kangourou qui avait bondi sur la gauche de la route, nous arrivons à l’auberge sans encombre autour de 22h. Le Bilan de la journée est très positif. Après avoir travaillé à peine 1h à plier la bâche, Brad nous dit qu’il nous payera 6h30 de travail. Sacrée journée !

Ha oui j’oubliais je ne vous ai pas montré le lapin dans l’histoire. Voilà une reconstitution de sa capture !

Reconstitution de la capture

Pour ceux qui s’inquièteraient pour le lapin, je vous rassure il va très bien, il passe ses journées à dormir dans le congélateur de l’auberge.

Le fameux lapin

Bon sinon autre nouvelle, j’ai trouvé un travail super sympa. Je m’occupe de plantes aquatiques qui purifient l’eau. Je les déplace dans la serre en fonction de leur évolution et je les nettoie méticuleusement car elles sont très fragiles. Les deux serres se trouvent dans le laboratoire de recherche en Biologie de la ville. C’est super intéressant. En plus la société est tenu par Anna une dame d’une soixantaine d’année d’origine Italienne, adorable comme tout, et son fils, Franco, monteur pour la télévision, qui a travaillé à Paris deux ans, super sympa aussi. Ils ont toujours un mot gentil pour dire que j’ai bien travaillé. Que du bonheur, pour vu que ça dure !

Je vous donne rendez-vous très bientôt pour la suite des aventures et promis je ne fera plus de mal aux animaux !

Lény

Written by Lény GOURVEN

Blogueur et Rédacteur Web, musicien, voyageur, fan d'histoire et de Sport. Je suis aussi intéressé par le Social Media, le SEO, et le Web marketing. Mon but : essayer d'être le plus passionnant possible!

This article has 2 comments

  1. Alain Provost

    Super d’avoir de tes nouvelles, qui n’ont rien de monotone.
    J’attends la suite, surtout d’avoir quelques explications sur les plantes aquatiques dont tu t’occupes. Sont-elles destinées à la phyto-épuration ou ce sujet n’a t’il pas lieu d’être dans un pays où la densité de population est sans doute très faible ?
    A bientôt,
    Alain

  2. lenygourven

    Cool que ça te plaise! Je ne savais pas que tu étais spécialiste en phyto-épuration. Si tu veux c’est des plantes que tu mets dans les marais, les étangs où les points d’eau pour les fermiers, les plantes nettoient l’eau et la rende potable pour le bétail et propre pour les étangs. Mais c’est un peu du bricolage. Il y a deux petites serres au milieu du labo de recherche, où les plantes grandissent. On joue à Tetris pour les changer de place selon leur croissance. Certaines ont besoin davantage de soleil d’autre n’en on plus besoin. L’autre tâche est de couper les petites tiges qui sont sèches avec un ciseau, j’ai vraiment l’impression d’être un coiffeur parfois. Le problème c’est que c’est une toute petite société donc je ne peux pas travailler beaucoup, mais c’est vraiment tranquilou comme job.
    J’attends de faire un truc cool pour écrire un nouvel article, y a peut être un job pour un zoo qui va arriver, genre aller capturer un animal dans le désert. J’en sais pas plus mais ça à l’air drôle :)
    A bientôt!

Leave a Comment